Le témoignage de Céline

Céline, 47 ans, est éducatrice spécialisée. Cette mère de trois enfants est également une amie proche de Fanny, une jeune femme atteinte d’un cancer du poumon.

 

 

LE DIAGNOSTIC DE SON AMIE

Quand j’ai appris le diagnostic de Fanny d’un cancer du poumon, j’ai eu une phase de déni. Fanny était beaucoup plus réaliste que moi. Elle avait conscience de la gravité de sa maladie.

J’étais sous le choc. J’avais des connaissances sur la maladie, je connaissais une autre personne souffrant du même cancer, mais j’avais quand même du mal à réaliser qu’elle soit elle aussi touchée par cette pathologie. Je ne me suis pas dit : « pourquoi elle et pas moi », mais je me suis dit que ça pouvait toucher tout le monde, et que ça pouvait me toucher aussi.

« Je ne me suis pas dit : pourquoi elle et pas moi, mais je me suis dit que ça pouvait toucher tout le monde, et que ça pouvait me toucher aussi »

FAMILLE & AMI(E)S

J’ai soutenu Fanny en l’accompagnant voir son oncologue, en restant auprès d’elle, en ayant un deuxième regard, en posant d’autres questions à l’oncologue. Devant le médecin, j’ai écouté activement, posé des questions. J’ai essayé de prendre en compte tous les paramètres en demandant des explications face à des termes trop scientifiques qui nous échappent. J’avais un sentiment de gravité extrême.

Je l’ai aussi soutenu dans le quotidien, quand elle avait des coups de mou, en l’appelant de temps à autre, mais je crois que c’est surtout elle qui m’a soutenue !

La maladie occupe une place dans notre relation. Par exemple, je ne vais pas me permettre de lui raconter mes petits problèmes, même si elle est totalement ouverte aux problèmes des autres. Je pense qu’il y a une transformation des rapports, on se retrouve face à une réalité autre, à des situations qui sont plus graves. On prend de la distance par rapport à ses problèmes. Sinon, ça n’a pas énormément changé notre relation. On peut toujours s’exprimer librement, on parle de la maladie librement, et on parle de tout un tas d’autres choses !

« Devant le médecin, j’ai écouté activement, posé des questions. »

GESTION DE LA MALADIE

Je prends en considération que la maladie a des effets, des conséquences, sur la fatigue. Par exemple, Fanny est plus fatiguée qu’avant. C’était une très grande sportive, elle l’est toujours, elle danse toujours, mais il y a des modifications de comportements qui sont à prendre en compte.

Fanny m’a aussi appris, par sa façon de gérer la maladie, à vivre pleinement le moment présent. Mon état d’esprit face au cancer, ça relève d’un rapport à la mort qui est toujours compliqué, et d’un rapport à la vie aussi. Je prends en compte que la vie est courte et qu’elle peut être écourtée par des maladies. Pour moi, c’est aussi prendre soin des autres, de ses proches.

« Fanny m’a aussi appris, par sa façon de gérer la maladie, à vivre pleinement le moment présent. »

SANTÉ & ALIMENTATION

Cela veut dire arrêter de fumer, faire du sport, même si j’en faisais déjà, quitter un environnement pollué, faire attention à mon alimentation, essayer d’éviter les maladies et éviter aussi le stress.

« J’ai aussi pris conscience qu’il fallait prendre soin de son corps. »

ET DEMAIN?

On a un projet de voyage ensemble. Nous aimerions partir en Amérique du sud. J’espère que cela se concrétisera. J’aimerais vraiment partager un moment avec elle, en voyage particulièrement. Je trouve qu’on a un autre rapport au monde en voyage. Et sinon, nos relations n’ont pas changé, on continue de déjeuner ensemble, de s’appeler etc.

Si j’avais un conseil pour les aidants et proches, ça serait d’être à l’écoute, d’être présent, et d’essayer le plus possible de rester dans la vie en riant, en profitant, tout simplement.

« Je trouve qu’on a un autre rapport au monde en voyage. »