Le témoignage de Liz

Liz a 43 ans, elle est mariée et est maman de deux filles de 24 et 15 ans. Originaire d’Irlande, elle y rencontre son mari, Français, et en 1993, ils choisissent de faire leur vie en France. Elle a été diagnostiquée d’un cancer du poumon en février 2015.

 

LE DIAGNOSTIC DE LIZ

C’était étrange, j’ai consulté mon médecin parce que j’avais mal aux jambes, c’était en janvier 2015. J’avais ces douleurs depuis fin 2014. C’était comme si j’avais les jambes lourdes et les chevilles enflées. Un peu comme des œdèmes.

Au début, le médecin pensait que ça pouvait être un problème aux reins. On a fait plein de tests. Et là le bilan sanguin se révèle être un peu bizarre. Il y avait une nette baisse des globules rouges.

Je revois mon médecin, je devais prendre l’avion pour aller fêter les 80 ans de mon père en Irlande, elle demande tout de suite une radio des poumons. Elle avait peur de l’embolie pulmonaire.

Je fais la radio et là, ils découvrent un nodule de 6 cm, elle me dit « c’est peut-être grave ». Je pars quand même fêter l’anniversaire de mon père. A mon retour, je passe un scanner, je retourne voir mon médecin traitant et elle me dit « c’est une tumeur ! ». J’avais les larmes aux yeux. J’ai eu peur.

Deux semaines après, je rencontre un chirurgien thoracique, et elle me confirme que c’est une tumeur… Mais il y a une bonne nouvelle : on peut opérer (ce qui n’est pas toujours le cas).

On a dû refaire une batterie de tests sur deux jours à l’hôpital afin de voir si mon corps pourrait supporter l’opération.

Ils font une biopsie de la tumeur et là, les médecins confirment : c’est cancéreux. Il y avait de la place dès le vendredi suivant pour l’opération, il ne fallait pas traîner. Nous sommes début mars 2015. L’opération s’est très bien passée. Les médecins ont ensuite analysé la tumeur et là, ils m’annoncent qu’il faut faire de la chimio. Je suis encore restée cinq jours à l’hôpital.

Le retour à la maison n’a pas été facile, je prenais beaucoup d’anti-douleurs et je ne pouvais pas faire grand-chose.

«On a dû refaire une batterie de tests sur deux jours à l’hôpital afin de voir si mon corps pourrait supporter l’opération.»

FAMILLE & AMI(E)S

Mon mari a été super, il a tout géré ! Il m’accompagnait quasiment tout le temps aux séances de chimiothérapie.

D’ailleurs, au bout d’un moment, il a fait un « burn-out ». Il faut dire que son père aussi était malade, ça faisait beaucoup.

Il a même arrêté de travailler pendant 6 mois. On a eu de la chance, ils ont été très compréhensifs à son travail.

Cette épreuve n’a pas été facile à avaler bien sûr, on a beaucoup pleuré. Mais il y a aussi des moments où on a rigolé ! Il faut bien parce que c’était tellement triste de toute façon !

Ça nous a renforcés, il a tellement été là pour moi. C‘était beau. Je n’oublierai jamais. Je sais que c’était dur pour lui aussi. Il a eu besoin d’un moment de répit.

Mes filles essaient d’oublier. Elles ont eu peur mais elles ont repris le dessus. Il faut tourner la page, c’est important.

Il y a des amis qui sont comme gênés, ils ne savent pas quoi dire donc ils n’appellent pas. Il y en a d’autres qui sont plus à l’aise, qui voulaient souvent passer me voir.

Mes collègues ont tous eu un mot sympa pour moi.

Cette maladie a tout changé. C’est ma deuxième vie maintenant ! Tout est différent. La maladie grave, c’est vraiment un autre monde.

«Il y a des amis qui sont comme gênés, ils ne savent pas quoi dire donc ils n’appellent pas. Il y en a d’autres qui sont plus à l’aise, qui voulaient souvent passer me voir. »

GESTION DE LA MALADIE

J’ai été prise en charge à temps et j’ai eu de la chance de pouvoir être opérée.

Après mes séances de chimio, je restais 10 jours au lit. Les jours qui suivaient étaient disons « gérables ». Mais bon, je ne supportais pas les odeurs de nourriture, j’avais l’impression d’être un zombie.

J’ai commencé les chimio le 22 avril 2015 et je les ai terminées fin juillet. J’ai terminé complètement HS !

On est parti une petite semaine en vacances fin août, ça m’a fait du bien. Ensuite, j’ai commencé la radiothérapie pendant 6 semaines tous les jours. Tout ça s’est terminé au mois d’octobre. J’étais encore bien fatiguée. J’ai eu un rendez-vous en janvier 2016 pour faire le bilan et tout va bien !

« J’ai été prise en charge à temps et j’ai eu de la chance de pouvoir être opérée. »

SANTÉ & ALIMENTATION

J’ai commencé à fumer jeune, à 14 ans. Je fumais 10 cigarettes par jour environ. J’ai arrêté de fumer à 39 ans, mon mari a arrêté en même temps que moi.

C’était juste 2 ans avant de tomber malade, avant le diagnostic. Maintenant, je fais plus attention à moi et à ce que je mange.

J’ai du mal avec la viande rouge, ce qui n’était pas le cas avant. Pendant la chimio, j’avais un goût de métal dans la bouche, c’était compliqué de manger. Ne plus pouvoir manger, c’est vraiment bizarre comme sensation.

Aujourd’hui, j’ai envie de me sentir bien dans mon corps. Je marche et j’essaie de faire du vélo d’appartement tous les 2 jours. Ça vide la tête et ça fait du bien. Je marche, j’ai un chien donc je le sors, j’ai aussi des séances de kiné pour la respiration. Je passe du temps avec les gens que j’aime. Je profite !

Je suis contente d’avoir cette année de répit, je ne m’ennuie pas du tout.

« Ne plus pouvoir manger, c’est vraiment bizarre comme sensation. »

VIE PROFESSIONNELLE & FINANCE

Je suis assistante administrative. Je suis en arrêt maladie depuis l’opération pour retirer la tumeur.

Je travaille dans la même entreprise depuis 17 ans. Mais maintenant j’ai envie de changement, je veux faire les choses à mon rythme.

J’ai envie de prendre mon temps désormais.

Je pense que je vais faire une formation pour donner des cours d’anglais. Professionnellement, j’ai envie de tourner la page, de commencer autre chose. J’ai envie de pouvoir gérer mon emploi du temps.

Côté finances, j’ai eu de la chance, ma « prévoyance » a tout pris en charge. Heureusement d’ailleurs, parce que quand on voit le prix d’un scanner, d’une chimio… ça fait peur !

Que tout soit pris en charge financièrement parlant ça aide aussi à ne pas avoir de souci, à avoir l’esprit tranquille.

« Professionnellement, j’ai envie de tourner la page, de commencer autre chose. J’ai envie de pouvoir gérer mon emploi du temps. »

ET DEMAIN?

Depuis l’opération je suis essoufflée et très fatiguée mais sinon ça va !

J’ai eu une baisse de moral quand tout a été fini. Finalement, quand les médecins ne sont plus là, ça fait peur. Je me sens plus fragile de toute façon, on se dit que ça n’arrive pas toujours qu’aux autres.

J’ai vécu des moments difficiles, que je n’espère pas revivre. Les traitements sont durs à supporter…

Je veux profiter des petites choses de la vie, avoir des petits-enfants peut-être !

J’apprécie les instants simples. Aujourd’hui, on s’énerve pour des conneries, ça veut dire que les choses futiles reviennent. C’est ça la réalité, la vraie vie. Même si c’est différent qu’avant la maladie : le soir, je suis fatiguée, quand je fais les magasins, au bout d’une demi-heure, je suis fatiguée.

Mon sommeil a changé aussi, je m’endors bien mais je suis très souvent réveillée vers 4 heures du matin. Je vais peut-être tester les médecines douces. Parce qu’aujourd’hui, je ne veux plus voir de médicaments !

Cette année était comme irréelle, on ne peut jamais être préparé à vivre ça.

Maintenant, dès qu’on peut, on bouge : Bruxelles, Toulouse, Normandie. Je veux passer du temps avec les gens que j’aime. Il faut profiter !

« J’ai vécu des moments difficiles, que je n’espère pas revivre. »